Traitement de l’allergie : la désensibilisation

Les traitements de l’allergie reposent sur un trépied : l’éviction, les médicaments, la désensibilisation (appelée aussi immunothérapie spécifique).

Le plus logique : l’EVICTION

Quand on est allergique, une des solutions les plus évidentes qui vient à l’esprit c’est d’éviter ce à quoi on est allergique …

Solution simple en théorie, difficile à mettre en œuvre, et dont les résultats sont le plus souvent partiels, notamment en allergie respiratoire.
Il faut mettre à part les cas d’allergie alimentaires potentiellement sévères où l’éviction de l’aliment en cause ne doit pas être forcément totale selon les dernières données dont nous disposons et dont les modalités doivent en tout cas être discutées avec l’allergologue.

Le plus simple : les MEDICAMENTS

On peut aussi prendre des médicaments pour soulager ses symptômes.

Les allergologues ont à leur disposition une palette de produits médicamenteux, en administration locale ou générale, pour la plupart dénués d’effets secondaires sérieux.

Ces médicaments vous soulagent tant que vous les prenez, mais ils ne changent rien à votre allergie et n’empêchent pas la dite allergie d’évoluer avec le temps.

Dès l’arrêt de ces traitements médicamenteux, les troubles reprennent…

Le plus intéressant : la DESENSIBILISATION

  • La désensibilisation s’attaque à la cause même des problèmes
  • La désensibilisation, c’est finalement le seul traitement curatif, qui s’attaque à la cause même des symptômes allergiques.

Ce qu’on attend d’une désensibilisation, c’est d’être moins allergique, donc moins gêné donc de diminuer voir d’arrêter les médicaments.

AUCUN autre traitement n’agit sur la cause même des troubles, c’est-à-dire sur l’allergie.

La désensibilisation ou immunothérapie spécifique est classé par l’OMS dans les vaccinations.

La désensibilisation « par piqûres », dite par voie injectable est efficace mais comporte des risques de réactions, rares mais parfois sévères, imposant une surveillance après l’injection.

Les allergologues ont depuis quelques années la possibilité d’utiliser une voie sublinguale, elle aussi efficace et dénuée de risques importants.

En pratique, la majorité des désensibilisations qui se mettent en place actuellement utilisent la voie sublinguale. Vous pourrez discuter avec votre allergologue du type de traitement qu’il vous proposera.

La prise en charge précoce, dès le jeune âge, a des effets bénéfiques sur l’évolution de la maladie. Contrairement à une idée reçue, il n’y a aucun bénéfice, bien au contraire, à attendre que le problème se règle avec le temps !
Si les événements hormonaux (grossesse, puberté) peuvent influencer les allergies, il est totalement erroné de croire par exemple, que la puberté va tout arranger ! Cela revient à perdre du temps, à laisser l’allergie s’installer et, la plupart du temps, progresser.

La désensibilisation est un traitement long (de 3 ans minimum à 5 ans maximum), qui vise à obtenir une amélioration la plus durable possible, ce qui impose un suivi régulier.

Depuis janvier 2011, il existe en France pour les allergies aux pollens de graminées et aux acariens : une désensibilisation en comprimé sublinguale Cette désensibilisation est une adaptation technique de la voie sublinguale qui apporte un bien meilleur confort.

Qui peut bénéficier d’une désensibilisation ?

Toute personne allergique aux pollens d’arbres, de graminés, aux acariens, aux phanères de chat, présentant une rhinite et/ou un asthme peut se voir proposer une désensibilisation, à l’issue d’un bilan allergologique complet qui comportera un entretien, des tests cutanés (2 à 3 séances maximum) et, parfois mais non systématiquement des examens biologiques (une simple prise de sang).

En pratique il est rare de pouvoir mettre en place une désensibilisation avant l’âge de 4 ans et demi à 5 ans.

La mise en œuvre d’une désensibilisation impose d’abord de stabiliser la situation, par exemple dans le cas d’un asthme mal ou insuffisamment équilibré.

L’allergologue appréciera en outre les différents facteurs aggravants en cause, à côté de l’allergie proprement dite : tabac, pollution, environnement professionnel,…

L’allergologue évaluera également d’éventuelles contre-indications à ce traitement, qui sont heureusement rares, et s’assurera enfin de la bonne compréhension du traitement et de l’adhésion du patient, conditions préalables au bon déroulement du traitement.

La grossesse n’est pas une contre indication de la désensibilisation, mais on évitera la plupart du temps de la démarrer pendant cette période.

Désensibilisation aux venins d’hyménoptères

Elle est un peu à part des autres désensibilisations.
En raison de la gravité potentielle de ces allergies aux venins de guêpes, frelons ou abeilles, la désensibilisation est aussi le seul traitement préventif, en plus d’être curative…

C’est une désensibilisation injectable, avec une première période de progression des doses raccourcies (quelques jours seulement) par rapport aux désensibilisations injectables « classiques ».

De nombreuses études ont confirmé l’efficacité de ces désensibilisations, (95% de succès pour le venin de guêpe, et 80% pour le venin d’abeille) .

La désensibilisation est-elle efficace ?

Cette question, souvent posée par simple méconnaissance du problème, n’a plus lieu d’être depuis la mise au point par l’OMS en 1998 qui a définitivement établi les preuves de l’efficacité de l’immunothérapie spécifique conduite selon les bonnes pratiques.

La désensibilisation est-elle efficace longtemps ?

Certaines études ont retrouvé des différences significatives 9 ans après l’arrêt du traitement.

Ceci a été montré pour les acariens et les pollens.

L’efficacité de la désensibilisation peut s’observer de quelques semaines à quelques mois après sa mise en œuvre ; cette efficacité persiste après l’arrêt du traitement, améliorant donc durablement les patients désensibilisés.
Son efficacité ne s’arrête pas là puisque de nombreuses études ont établi que la désensibilisation modifie le terrain allergique en profondeur et prévient l’apparition de nouvelles allergies.

C’est une des raisons qui plaide pour une prise en charge précoce des enfants, avant que l’allergie n’ait évolué vers plusieurs composants de l’environnement.
Si la prise en charge n’intervient pas dès le début de l’allergie, en d’autres termes s’il existe une allergie à plusieurs produits (acariens et pollens par exemple), la désensibilisation reste possible dans la majorité des cas.

En effet, l’action sur tel produit à l’origine d’une allergie importante réduira les réactions vis-à-vis des autres produits.

Dans certains cas, si votre allergologue estime que ce serait la meilleure solution, il est en outre possible de mener deux désensibilisations en même temps…

Le fait d’avoir déjà eu une désensibilisation dans l’enfance, par exemple, ne contre-indique pas non plus la reprise d’une immunothérapie spécifique pour le même produit.

En effet, la désensibilisation a progressé comme de nombreux autres traitements et les extraits utilisés actuellement n’ont plus rien à voir avec ceux utilisés il y a quelques années. Les protocoles sont également différents avec des doses d’entretien plus élevées, l’ensemble de ces évolutions concourant à une meilleure efficacité.

Conclusion

La désensibilisation est « le » traitement de la maladie allergique, modifiant en profondeur et de façon prolongée le terrain allergique, prévenant l’apparition de nouvelles allergies, prévenant l’apparition d’un asthme chez les patients porteurs de rhinite, et n’ayant que très peu de contre indications.

Au final, la désensibilisation est une vaccination de l’allergie qui est sûre et efficace.