L’allergie alimentaire

Les allergies alimentaires

L’hypersensibilité alimentaire relève de plusieurs mécanismes. On qualifie toute réaction indésirable à un aliment d’hypersensibilité alimentaire. Ce type de réaction peut relever de plusieurs mécanismes :

Elle peut être toxique,

Elle peut témoigner d’une intolérance alimentaire (par déficit enzymatique comme dans l’intolérance au lactose, par effet pharmacologique, on parle alors de fausses allergies ou de pseudo allergies, ou encore par un mécanisme non défini…)

Ou enfin elle peut effectivement relever d’un mécanisme allergique en lien avec le système immunitaire : ce sont les allergies alimentaires.

Ce pluralisme des mécanismes en cause explique qu’un grand nombre de personnes (plus de 20% de la population) rapportent des symptômes en rapport avec des aliments et qu’au final, seule une minorité a effectivement une authentique allergie alimentaire.

Les allergies alimentaires sont en constante augmentation

L’allergie alimentaire authentique concerne 4% de la population générale et 6% des enfants.

L’augmentation des allergies alimentaires reconnaît plusieurs raisons, au premier rang desquelles il faut citer :

  • Des aliments de plus en plus variés
  • De plus en plus de manipulations technologiques de l’industrie agro-alimentaire.

On peut distinguer deux grands mécanismes d’allergie alimentaire :

  • Chez le jeune enfant : l’ingestion de certains aliments provoque une sensibilisation à cet aliment puis une allergie, responsable de symptômes digestifs, cutanés (eczéma atopique, urticaire) ou respiratoires.
  • Plus tard, et c’est le deuxième mécanisme, l’allergie alimentaire peut survenir dans le cadre d’une allergie respiratoire à un produit naturel allergisant (pollen, chat, acariens,…), par un mécanisme d’allergie croisée. On réagit alors à certaines protéines contenues dans des aliments qui sont tellement similaires à certaines protéines du produit naturel allergisant auquel on est allergique, que le système immunitaire réagit à ces protéines alimentaires comme il réagit à certaines protéines des pollens, par exemple, provoquant des symptômes oraux ou digestifs, cutanés ou cutanéo-muqueux ou, plus rarement, généralisés(anaphylaxie). On parle de syndromes pollens-aliments, latex-aliments, acariens-arthropodes-mollusques…

Quelles manifestations cliniques rencontre-t-on en allergie alimentaire ?

L’allergie alimentaire est surtout extra-digestive, se manifestant au niveau de la peau et/ou des muqueuses, de l’oropharynx, ou encore des voies respiratoires.
Elle peut, mais cela est plus rare, provoquer des symptômes concernant l’appareil digestif (estomac, intestins)

Les symptômes observés :

  • Symptômes bucco-pharyngés : prurit et œdème des lèvres, de la langue, du palais, de la gorge, des oreilles
  • Symptômes systémiques : urticaire aiguë, angioedème, anaphylaxie ;
  • Symptômes respiratoires : rhinite, rhino-conjonctivite, asthme (toux, bronchospasme)
  • Symptômes cutanés : eczémas (30% des enfants ayant un eczéma atopique présentent une allergie alimentaire)
  • Symptômes digestifs : nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales.

Les conditions de survenue d’une allergie alimentaire.

La quantité d’allergène dans l’aliment qui déclenche la réaction allergique est extrêmement variable d’un sujet à l’autre (en proportion, cela peut aller de 1 à 100 000 !...).

Le délai de survenue des symptômes est variable, de quelques secondes parfois, de quelques minutes le plus souvent, à 2 ou 3 heures.

L’ingestion n’est pas seule en cause : d’autres modes de pénétration des allergènes alimentaires dans l’organisme peuvent être en cause.
Inhalation, (de vapeurs de cuisson par exemple)

Contact avec certains aliments (pouvant provoquer une urticaire, par exemple).
Il faut noter que de nombreux facteurs peuvent influencer la réaction allergique :

  • Certains concernent l’aliment en question :
    • Conditions de culture (pour les aliments d’origine végétale)
    • Conditions de mûrissement, stockage et conservation des aliments
    • Cuisson des aliments en elle-même ainsi que les différents modes de cuisson
    • Digestion
  • D’autres concernent le sujet lui-même :
    • Le stress, l’anxiété
    • L’absorption d’alcool,
    • L’effort physique : il existe des formes d’allergie alimentaire où l’aliment ingéré au repos est bien toléré tandis que si un effort physique suit l’ingestion, des symptômes, parfois importants, peuvent se manifester.
    • La prise de certains médicaments comme l’aspirine, les anti-inflammatoires, les laxatifs, les anti-acides
    • L’existence de parasitose ou de mycoses digestives.

Le diagnostic d’une allergie alimentaire comporte plusieurs étapes :

Un entretien, capital, se déroulant fréquemment en plusieurs fois (il est rare que l’on n’oublie pas quelques détails pouvant s’avérer importants !...) au cours duquel l’allergologue précisera les ATCD, la réaction, les aliments suspectés, le contexte de survenue et d’éventuels facteurs favorisants ou aggravants.
Un bilan allergologique proprement dit, comportant des tests cutanés dont certains peuvent être effectués au mieux avec des aliments à l’état natif, et, souvent, des examens biologiques.

Des tests de provocation ou de réintroduction peuvent être envisagés dans certaines situations. Si les tests de provocation labiale peuvent être réalisés en cabinet en raison de l’absence de risque de réaction générale, la plupart des tests de provocation se font en milieu hospitalier pour des raisons de sécurité.

Traitement

Le traitement comporte bien sûr le traitement médicamenteux des symptômes, mais repose avant tout sur l’éviction alimentaire.

Dans l’immense majorité des cas, il s’agit plus d’une action raisonnée sur l’environnement alimentaire que d’éviter totalement la consommation de l’aliment jusqu’à éviter même toute trace d’aliment. À la lumière des dernières études, il semble bien que cette dernière attitude génère plus de problèmes que de bénéfices.

Toute éviction alimentaire doit donc être raisonnée et discutée avec l’allergologue.

Les aliments en cause

Les aliments en cause chez l’enfant ne sont pas identiques aux aliments en cause chez l’adulte.

Pour les plus importants chez l’enfant :

  • Blanc d’œuf,
  • Arachide,
  • Lait de vache,
  • Fabacées (pois, soja),
  • Poissons,
  • Groupe noix,…

Chez l’adulte :

  • Rosacées (pomme, poire, prêche),
  • Groupe d’aliments du syndrome latex-aliments,
  • Apiacées (carotte, céleri),
  • Fruits à coque,
  • Groupe céréales,
  • Cacahuète,
  • Blanc d’œuf,
  • Fabacées,
  • Sésame,
  • Crustacés,…

Toute allergie alimentaire mérite d’être explorée

À l’occasion du XXIIe Congrès de l’Académie européenne d’allergologie et d’immunologie clinique, les spécialistes ont lancé un appel au dépistage précoce dès le plus jeune âge. Une telle attitude peut permettre d’enrayer "l’évolution naturelle" de la maladie allergique.

L’évolution naturelle de l’allergie :

L’allergie apparaît le plus souvent dès l’enfance mais peut survenir à tout âge.
Jusqu’à 3 ans, les allergies sont le plus souvent d’origine alimentaire avec des troubles intestinaux ;

Chez l’enfant de moins de 4 ans, quatre aliments sont responsables d’allergies alimentaires : lait, blanc d’œuf, arachide et moutarde.

Au-delà de 5 ans, les allergies d’origine respiratoire sont plus fréquentes (acariens, pollens, phanères animales et moisissures) avec rhinite allergique, conjonctivite et asthme bronchique.

Rappelons que si la plupart des allergies alimentaires guérissent, certaines persistent et parfois durablement ( surtout pour : Arachide, Fruits à coque, Crustacés, Poissons).

L’accueil des enfants allergiques à l’école nécessite la mise en place d’un projet d’accueil individualisé (PAI) que réalisera votre allergologue.

Malgré les progrès accomplis, les maladies allergiques restent sous-diagnostiquées, en particulier chez les enfants en bas âge. Or l’allergie alimentaire est « prédictive » de l’évolution ultérieure, elle doit donc être dépistée, d’autant que les premiers symptômes peuvent parfois passer inaperçus.

Quel que soit le traitement choisi, le dépistage apparaît aujourd’hui comme un réel moyen d’enrayer l’évolution du nombre et de la sévérité des allergies et de proposer une meilleure qualité de vie aux personnes allergiques.